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DOSSIERS PRESSE Les accords de Genève Peut-on
arrêter Sharon ?
Les
tensions sont aujourd'hui telles, non seulement dans les Territoires, mais
aussi sur les frontières de la Syrie et en Irak, que beaucoup
d'observateurs ont le sentiment d'assister au prélude d'un conflit plus
vaste. Il y a du pré-1967 dans l'air. Mais les dégâts dont Sharon et
ses amis de droite aux États-Unis peuvent être tenus pour responsables
s'étendent bien au-delà du Proche-Orient. L'une des conséquences a été
une explosion de haine anti-israélienne et antiaméricaine sans précédent
dans le monde arabe, au point qu'elle est l'une des principales sources
d'instabilité, de violence et de terreur sur la planète. Que peut-on
faire pour enrayer cette descente aux enfers ? La pente peut-elle être
remontée ? Peut-on arrêter Sharon ? L'accord
de Genève
Une
réponse est venue d'un petit groupe de Palestiniens et d'Israéliens
courageux qui, travaillant plus ou moins en secret depuis janvier 2001,
avec l'aide financière du ministère suisse des Affaires étrangères, a
mis au point jusque dans le détail, avec des cartes, le texte d'un accord
de paix israélo-palestinien. Connu sous le nom d'accord de Genève, ce
document doit être officiellement signé à Genève dans les semaines à
venir. Il a déjà été publié dans la presse israélienne et peut être
consulté sur le site Web du quotidien Ha'aretz. Un exemplaire a été
remis aux ministres égyptien et français des Affaires étrangères et au
président d'Israël, Moshe Katsav. Il
est prévu de distribuer ce document de trente pages bien remplies aux
deux millions de foyers juifs en Israël et de contacter la population
palestinienne via la presse arabe. Pour la première fois depuis trois
ans, Israéliens et Palestiniens se voient offrir une solution de rechange
pacifique à l'horrible violence dont ils sont les uns et les autres
victimes. L'hystérique réponse du gouvernement Sharon à l'accord est
une indication de l'importance de la menace qu'il représente pour l'extrême
droite israélienne. Se refusant même à en discuter le contenu, les
autorités ont cherché à faire passer le projet pour une tentative illégitime
de court-circuiter le gouvernement israélien et a invité la communauté
internationale à ne pas le prendre en compte. Certains membres du
gouvernement ont même demandé que les signataires israéliens de
l'accord soient condamnés à mort pour haute trahison ! Comme
on le sait, les principaux négociateurs de l'accord sont Yossi Beilin,
ancien ministre travailliste israélien et partisan bien connu de la paix,
et, du côté palestinien, Yasser Abed Rabbo. Ils se sont assuré le
soutien d'une large frange de personnalités de gauche en Israël, comme
l'ancien dirigeant du Parti travailliste Amram Mitzna, l'ancien président
de la Knesset Avraham Burg, l'écrivain Amos Oz, et un nombre
impressionnant de généraux à la retraite. Du côté palestinien, on
trouve de jeunes dirigeants du Fatah comme Qadura Farès et Mohamed Urami.
L'accord
de Genève a soulevé une vive opposition de la part d'Ehoud Barak, qui
cherche à faire un come-back après son désastreux passage au poste de
Premier ministre. Par pusillanimité et absence de vision en 1999-2000, il
a raté l'occasion de faire la paix avec la Syrie comme avec les
Palestiniens. Sa thèse selon laquelle il n'y a personne à qui parler du
côté palestinien serait immédiatement invalidée si l'accord de Genève
était un succès. Avec
la mort de la feuille de route du Quartet et le honteux refus du président
George W. Bush de s'engager dans le conflit israélo-palestinien, l'accord
de Genève représente la seule initiative de paix encore valide. Il offre
une occasion unique de sortir du cycle actuel de mort et de destruction.
Il est essentiel de susciter un mouvement d'opinion international en sa
faveur. Ce
que les États arabes doivent faire Voici
quelques suggestions à l'intention des dirigeants arabes, menacés comme
leurs concitoyens par la vague de violence qui submerge toute la région. 1.
Les États arabes devraient signer une vigoureuse déclaration commune de
soutien à l'accord de Genève. 2.
Ils devraient, en même temps, relancer le plan de paix du prince Abdallah
d'Arabie saoudite, approuvé à l'unanimité au sommet arabe de Beyrouth
en mars 2002, mais qui est resté depuis dans un tiroir. Le
plan de paix de Beyrouth proposait à Israël une normalisation avec
l'ensemble du monde arabe une fois qu'il se serait retiré sur les frontières
d'avant 1967 et aurait autorisé la création d'un État palestinien indépendant.
Sur le fond, il est étonnamment semblable à l'accord de Genève. 3.
Des délégations des ministres arabes des Affaires étrangères devraient
faire une tournée en Europe et dans d'autres capitales mondiales pour
recueillir un soutien en faveur du plan de paix de Beyrouth et de l'accord
de Genève. En particulier, le Premier ministre britannique Tony Blair,
qui déclare être totalement favorable à la solution des deux États,
devrait être invité à affirmer publiquement son soutien à l'accord. 4.
Les États du Golfe et l'Arabie saoudite devraient créer un important
fonds d'indemnisation des réfugiés palestiniens et solliciter des
contributions d'autres pays, tels que les États-Unis, les membres de
l'Union européenne, la Chine et le Japon. Un
point clé de l'accord de Genève, qu'on trouve aussi, quoique moins
explicitement, dans le plan de paix de Beyrouth, est l'échange proposé
du “ droit au retour ” des Palestiniens contre la souveraineté
palestinienne sur le Haram el-Sharif (le mont du Temple), ainsi que contre
les trois quarts de la Vieille Ville de Jérusalem. Pour la grande majorité
des réfugiés palestiniens, renoncer au “ droit au retour ” n'est
concevable qu'en échange d'un dédommagement généreux. D'où la nécessité
impérieuse d'un important fonds d'indemnisation, géré dans une totale
transparence et disposant d'abondantes ressources internationales. 5.
S'ils souhaitent agir sur l'opinion israélienne et américaine, les États
arabes seraient bien avisés de faire preuve de compréhension concernant
les craintes sécuritaires d'Israël. À cet égard, ils devraient prendre
collectivement l'engagement de mettre fin à la violence exercée contre
Israël par les groupes extrémistes - à la condition qu'Israël, de son
côté, renonce à la violence et accepte des relations de bon voisinage. 6.
Enfin, les États arabes devraient se joindre à ceux qui demandent la création
d'une force internationale sous les auspices des Nations unies pour
surveiller l'application sur le terrain du plan de paix israélo-palestinien.
Shlomo
Ben Ami, ancien ministre israélien des Affaires étrangères, a demandé
publiquement qu'un mandat international soit exercé sur les Territoires
avec l'aide d'une force multinationale. Sa tâche serait de guider
l'Autorité palestinienne dans la transition vers un État démocratique,
de désarmer les milices, mais aussi de contrôler à la fois l'évacuation
des colons juifs hors des Territoires et le reclassement des réfugiés
palestiniens. L'accord
de Genève donne aux Arabes une arme stratégique pour défier et défaire
les ennemis de la paix. |