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DOSSIERS
PRESSE
Les
accords de Genève
Le point de vue
du marteau
par
Uzi Benziman, Haaretz
12 octobre 2003
La réaction du gouvernement a la nouvelle initiative de paix, attribuée
à
Yossi Beilin et Yasser Abed Rabbo, et au terrible attentat à la bombe au
restaurant Maxim de Haifa, prouve la pertinence de l'expression qui dit
que
quiconque tient un marteau a tendance à voir tout problème comme un
clou.
Le plan propose, dont les détails n'ont pas encore été rendus
publics, ont
provoqué une réaction instinctive du Premier ministre Ariel Sharon : il
l'a
attaqué et accusé des initiateurs du cote israélien de coopération
avec
l'ennemi. En d'autres termes, Sharon rejette la tentative même de présenter
à l'opinion une alternative à sa politique à l'égard des Palestiniens.
Il
rejette de façon automatique une solution diplomatique et manifeste ainsi
sa
position : la seule manière de mettre fin au conflit passe par une
victoire
militaire.
Depuis le début de son mandat, Sharon met sa position en pratique. Il
a
conduit une approche violente et par la force d'un terrorisme palestinien
meurtrier, par encore plus de violence et de force que son prédécesseur,
Ehoud Barak. Sa politique jouit d'un large soutien populaire : elle est
perçue comme au dessus de tout reproche, et comme une réaction appropriée
face a la violence palestinienne. Cette position a mené a la réoccupation
des villes de Cisjordanie, aux couvre-feu et aux bouclages, aux attaques
aériennes et aux assassinats, dont la légalité est douteuse, et dont
l'application fait naître des objections sur le plan éthique.
L'armée a
utilisé à peu près toutes les formes de violence pour contenir le
terrorisme
palestinien, mais la politique du Premier ministre a échoué si l'on en
juge
par ses résultats : Sharon est au pouvoir depuis bientôt trois ans, et
la
situation du pays, de façon générale et dans la confrontation avec les
Palestiniens en particulier, est pire qu'au moment de son élection.
Cet échec découle de la tendance du gouvernement Sharon a considérer
le
problème palestinien comme un clou. Contre les Palestiniens (a la différence
des autres pays arabes limitrophes), Israël, a ses propres yeux, est un
marteau. Il en a la puissance militaire qui lui permet, pense-t-il, de
pulvériser toute menace que les Palestiniens pourraient faire peser. Et
donc, les mots-clefs du vocabulaire des décisionnaires israéliens sont
"avertissement", "prix a payer" et
"victoire". Et donc, quand un attentat
suicide aveugle est perpétré à Haïfa, la réaction à chaud du
gouvernement
est d'aller bombarder loin a l'intérieur du territoire syrien. Et donc,
quand le ministre de la Défense se voit confronte a la vulnérabilité d'Israël
au terrorisme, il donne l'ordre d'appeler quatre bataillons de réservistes,
et parle avec rage et frustration de son refus de tolérer tout autre
attentat. Et donc, a l'état major, on est en faveur de plans pour
assassiner/ expulser/ réduire au silence Arafat, arguant que c'est ainsi
qu'on
détruira le centre nerveux qui dirige le terrorisme.
Il s'agit de l'approche a courte vue de quelqu'un qui dispose de la
puissance militaire et qui pense que par elle, il est possible de régler
tous les problèmes. Cela est compréhensible, et peut-être souhaitable,
aux
échelons moyens et inférieurs. On peut attendre d'un commandant de
bataillon, de brigade et même de division qu'il exécute les ordres sans état
d'âme. Mais cela est inexcusable de la part de l'échelon décisionnaire,
politique et militaire. Le Premier ministre, les ministres siégeant aux
cabinet de sécurité, le chef d'état major et les généraux sont
supposes
avoir une approche analytique complexe et des perspectives plus larges
lorsqu'il s'agit d'évaluer la réalité.
Dans cette tache, les dirigeants politiques et militaires du pays ont échoué
depuis octobre 2000. Ils n'ont répondu que par des paroles au besoin
d'équilibre dans le dialogue israélo-palestinien, et en pratique, ils
ont
contribué à interrompre les contacts diplomatiques (par exemple en
poursuivant les assassinats de chefs
d'organisations terroristes durant des
périodes de calme relatif).
Le conflit israélo-palestinien réclame a grands cris une solution
politique.
Les efforts, actuellement déployés par des personnages publics des deux
cotés pour proposer une formule nouvelle, vont dans le bon sens. Après
la
déception justifiée à l'égard des accords d'Oslo, le traitement ne
consiste
pas seulement a utiliser la force militaire, comme cela s'est abondamment
vérifié depuis trois ans.
http://www.haaretzdaily.com/hasen/spages/348710.html
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