DOSSIERS
PRESSE
Les
accords de Genève
L'accord Beilin
Abed Rabbo rend la droite furieuse
par Mazal Mualem
, Haaretz
13 octobre 2003
Une concession des Palestiniens sur le droit au retour des réfugiés,
en
échange de la souveraineté palestinienne sur le mont du Temple, est au cœur
d'un projet d'accord de paix conclu hier par des négociateurs officieux
palestiniens et israéliens.
Selon des sources palestiniennes, le président de l'Autorité
palestinienne,
Yasser Arafat, a été tenu informé des discussions, et connaît tous les
détails de l'accord. Du coté israélien, cependant, tous les négociateurs
sont membres de l'opposition, et agissent sans que le gouvernement ait été
informé et sans son approbation; le projet n'a donc aucun statut officiel
(selon des sources proches de Yossi Beilin, Ariel Sharon a été tenu
informeé tout au long des discussions, ce que son cabinet dément
officiellement,
ndt).
Ce projet, connu sous le nom d'accord de Genève, doit être signé en
Suisse
dans les prochaines semaines, peut-être le 4 novembre, date anniversaire
de
l'assassinat d'Yitzhak Rabin. Le ministère suisse des Affaires étrangères
a
financé et joué le rôle de médiateur dans les négociations , qui ont
dureé deux ans et demi. Dans les semaines qui précéderont la signature,
les deux
cotés ont l'intention d'entamer une campagne agressive pour vendre le
projet
à leurs opinions respectives.
A la cérémonie d'hier en Jordanie, qui a marque la finalisation du
document,
ont participé du coté israélien : Yossi Beilin, ancien ministre, qui a
dirigé l'équipe des négociateurs israéliens ; les députés Haim Oron
(Meretz), Amram Mitzna (travailliste) et Avraham Burg (travailliste) ;
l'ancienne députée Nehama Ronen, le général (res) Giora Inbar et l'écrivain
Amos Oz. D'autres Israéliens ont également été partie prenante de
l'initiative, comme l'ancien chef d'état-major Amnon
Lipkin-Shahak, Youli Tamir (députée travailliste) et plusieurs députés
du
Meretz. Les représentants palestiniens à la cérémonie, qui ont mené
les
conversations de leur coté, étaient les anciens ministres Yasser Abed
Rabbo,
Nabil Kassis et Hisham Abdel Razek, ainsi que deux leaders de
l'organisation
Tanzim liée au Fatah, Kadoura Fares et Mohammed Khourani.
Yasser Abed Rabbo, qui a défini le projet comme "le début d'une
nouvelle
ère", a dit qu'il avait reçu les félicitations d'Arafat, du
premier ministre
Ahmed Qorei et de son prédécesseur, Mahmoud Abbas.
Mohammed Khourani, qui a fait remarquer que quatre de ses frères se
trouvaient dans des prisons israéliennes, a dit : "nous avons
compris
qu'Israël ne pouvait pas nous vaincre par des moyens militaires, mais
nous
avons aussi compris que nous ne pouvions pas vaincre Israël, et que la
solution doit être politique".
Amram Mitzna : "le camp de la paix a aujourd'hui un ordre du jour.
Nous avons
terminé la partie facile de la tache, aujourd'hui arrive la partie
difficile
retourner en Israël, frapper à toutes les portes et convaincre
l'opinion".
Amos Oz : "ceux qui nous attaques demanderont sans doute :
'qu'avez-vous
fait? Vous leur avez tout donné en échange de quelques accolades' ...
Mais
ce que nous avons accompli aujourd'hui marquera l'avenir".
Yossi Beilin, répondant aux critiques de la droite, qui accuse
l'architecte
d'Oslo de répéter les mêmes erreurs : "Je sais qu'ils diront que
c'est un
mauvais accord, que nous avons plié et cèdé sur tout. Mais il y a une
chose
qu'ils ne pourront pas dire : qu'il n'existe pas de partenaire (pour un
accord)".
Les ministres du gouvernement ont mené la charge contre Beilin et ses
collègues. "Il y a un gouvernement en Israël, qui a la charge de
ces
affaires", a dit Silvan Shalom, ministre des Affaires étrangères.
"Tout le
reste est virtuel. Je ne me serais pas attendu a autre chose de la part de
ceux qui nous ont apporte les accords d'Oslo, pour la folie desquels nous
payons encore aujourd'hui, et donc, il faut ramener tout cela a sa vraie
proportion".
Le Premier ministre Ariel Sharon, qui le premier a attaqué
l'initiative
Beilin-Abed Rabbo la semaine dernière, a déclaré hier qu'elle empêchait
toute chance d'avancer dans des négociations sérieuses en vue d'un
accord de
paix.
Le président du Parti travailliste, Shimon Pères, s'est refusé a
tout
commentaire sur le document, disant qu'il ne pouvait pas le faire sans
savoir de quoi il s'agit.
Les points essentiels du projet sont les suivants :
* Les Palestiniens renoncent au droit au retour. Certains réfugiés
demeureront dans les pays où ils vivent aujourd'hui, d'autres seront
absorbés par l'Autorité palestinienne, d'autres encore seront absorbés
par
d'autres pays, et certains recevront des compensations financières. Un
nombre limite de réfugiés sera autorisé à s'installer en Israël, mais
cela
ne sera pas défini comme une application du droit au retour.
*Les Palestiniens reconnaîtront Israël en tant que l'Etat du peuple
juif.
* Israël se retirera sur les frontières de 1967, sauf en ce qui
concerne
certains échanges de territoires, qui seront décrits ci-dessous.
* Jérusalem sera divisée, et les quartiers arabes de Jérusalem Est
feront
partie de l'Etat palestinien. Les quartiers juifs de Jérusalem Est, et
ses
banlieues en Cisjordanie de Givat Zeev et Maale Adoumim, ainsi que la
partie
historique du Bloc Etzion (mais non Efrat) feront partie d'Israël.
* Le Mont du Temple sera palestinien, mais une force internationale en
garantira la liberté d'accès aux visiteurs de toute confession. Néanmoins,
ni les prières juives, ni les fouilles archéologiques ne seront autorisées
sur le Mont. Le Mur des Lamentations restera sous souveraineté juive. Le
"Bassin sacre" (qui comprend le cimetière juif du Mont des
Oliviers, la
Ville de David et la vallée de Kivron, ndt), sera sous supervision
internationale.
* Les colonies d'Ariel, Efrat et Har Homa feront partie de l'Etat
palestinien. De plus, Israël transférera aux Palestiniens certaines
parties
du Neguev adjacentes à (la bande de) Gaza, mais non Halutza, en échange
des
parties de Cisjordanie qu'il recevra.
* Les Palestiniens s'engageront a empêcher le terrorisme et
l'incitation a
la haine, et à désarmer toutes les milices. Leur Etat sera démilitarisé,
et
les passages de frontières seront supervisés par une force
internationale,
non israélienne.
* L'accord viendra en lieu et place de toutes les résolutions des
Nations
Unies et des accords précédents.
http://www.haaretz.com/hasen/spages/348795.html
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