|
DOSSIERS
PRESSE
Les
accords de Genève
"
Une lueur de rien du tout "
Azmi Bishara (Al Ahram Égypte)
le 22 octobre 2003
Les Israéliens qui sont derrière la Déclaration de Genève sont
ceux qu'on retrouve derrière les discussions de Taba qui ont eu lieu
après l'échec des discussions de Camp David. Ces discussions avaient
été autorisées par Ehud Barak à condition qu'elles soient
non-contraignantes à l'approche des élections de 2001. La déclaration
n'engage pas Israël et discrédite Barak bien plus qu'Ariel Sharon.
C'est en effet l'ancien Premier ministre travailliste qui a déclaré
qu'il n'existait pas de partenaire pour faire la paix chez les
Palestiniens après que Yasser Arafat ait refusé son diktat. Barak fut
soutenu dans ces déclarations par Bill Clinton, frustré de ne pas avoir
reçu son prix Nobel et rejetant son aigreur sur le dirigeant palestinien.
Cette déclaration fut un coup de poignard contre tous les Israéliens qui
défendaient une solution négociée du conflit. Elle donna un coup de
pouce au Likoud et fut le début d'un politique qui visait à faire plier
les Palestiniens pour qu'ils deviennent des " partenaires ".
Soutenus par les Européens, la Déclaration de Genève a reçu, après sa
publication, le soutien de 40 % des Israéliens en dépit de l'opposition
de la direction du Parti travailliste, des dirigeants du Shinui, du Likoud
et d'autres partis. Cette déclaration est importante pour les partisans
israéliens d'une paix négociée car elle prouve qu'il existe un
partenaire. C'est Barak qui a attaqué le premier ce texte en dépit de la
renonciation par les Palestiniens du droit au retour et de concessions sur
Jérusalem.
Côté palestinien, ce texte pose problème. En effet, il rend difficile
pour les Palestiniens la possibilité de demander à nouveau le droit au
retour alors que les négociateurs palestiniens du texte n'avaient aucun
mandat de faire un tel abandon. Ils avaient le droit d'exprimer leur
opinion sur la question, mais pas de signer un texte qui est aujourd'hui
présenté comme un accord. Cette déclaration va diviser la société
palestinienne entre ceux qui sont y sont favorables et ceux qui y sont
opposés, alors qu'elle sera présentée comme la seule solution possible.
Au moment où les Palestiniens tentent de construire une stratégie et des
objectifs communs, nous n'avons pas besoin que chaque personne avec son
opinion change les règles du jeu.
La gauche israélienne sioniste s'est donné l'image d'un partenaire
favorable à la paix sans s'attaquer directement à la politique de Sharon
qu'elle a en partie soutenue en dénonçant les Israéliens qui
soutenaient les positions palestinienne. L'accord est loin d'être
appliqué, le soutien de la population israélienne à cette démarche ne
cesse de baisser dans les sondages, mais ce texte sape les possibilités
de demander le droit au retour et reconnaît implicitement l'abandon de
territoires autour de Jérusalem.
|
|