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DOSSIERS PRESSE Les accords de Genève Qui a dit que les Palestiniens
renonçaient au droit du retour ? (traduit de l'anglais par e.colonna) Khalil Shikaki du Centre Palestinien de recherche en Politique et
Etudes a été pris à parti par une foule en colère alors qu'il tenait récemment
une conférence de presse annonçant les résultats d'un sondage effectué
parmi un échantillon de 4500 réfugiés palestiniens au sujet du droit au
retour. Dans son étude, Shikaki rapporte que seulement 10% des réfugiés
insisteraient pour retourner en Israel et en devenir citoyens. Les
soutiens d'Israel et ceux qui vouent de l'indifférence à ce droit dans
une solution au conflit Palestino-israélien embrassent les conclusions. L'ancien Secrétaire d'Etat adjoint américain Richard Murphy, dans un
article avec David Mack dans le Herald International Tribune, s'est emparé
de ce résultat pour proposer que la question des réfugiés soit résolue
en invitant la communauté internationale " à aider à l'établissement
définitif de réfugiés palestiniens plutôt dans un nouvel état de
Palestine ou dans un troisième pays ". En échange, les USA paierait
pour réinstaller en Israel, 200000 colons juifs illégaux des Territoires
Occupés. Murphy et Mack restent silencieux sur les 200000 colons
restants, concentrés autour de Jérusalem et on peut en déduire qu'ils
ne bougeront pas d'où ils sont. MJ Rosenberg du Forum Politique Israélien, de tendance travailliste a
aussi bien accueilli le sondage de Shikaki, en disant : " Ses
conclusions réfutent un des principaux leitmotivs des arguments anti israéliens
et est (sic) une menace pour les militants " rejectionistes ".
Les Palestiniens ne sont pas apparemment, décidés à revenir dans leur
maisons qu'ils ont quittées depuis plus de 55 ans. Au contraire, ils
reconnaissent la réalité d'Israel et le fait que la partition de la
Palestine est définitive et permanente. Les groupes de terreur qui
tentent non seulement de revenir à 1967 mais aussi à 1948, ne représentent
pas l'opinion palestinienne. Essentiellement, peu d'adhérents souscrivent
à leurs idées ". En conséquence, selon Rosenberg, les réfugiés
qui insistent sur leurs droits élémentaires humains, d'une manière ou
d'une autre, s'alignent avec " les groupes de terreur " et
" les rejectionistes ". Comment pourrait il être possible que durant des décennies, tout le
monde - pas le moindre des réfugiés eux mêmes- pensait par erreur
qu'accorder des droits à des millions de réfugiés palestiniens était
la clé du conflit ? Comment maintenant est t-il possible qu'un simple et
douteux sondage menace de faire disparaître le problème en entier derrière
un écran de fumée ? Une vision plus approfondie de ce sondage aidera à
clarifier le brouillard. Shikaki n'a pas publié toute son étude mais seulement un large
communiqué de presse mettant en valeur ses résultats clés. Cela rend
difficile d'évaluer sa méthodologie. Cependant, dans le communiqué de
presse, il présente largement la question centrale donnée aux personnes
sondées et cela mérite d'être regardé attentivement. Il commence : " Nous vous lirons maintenant une solution proposée au problème
des réfugiés qui fut publiée dans des journaux palestiniens en lumière
des négociations de Taba en janvier 2000. ensuite nous vous poserons
quelques questions : " " L'établissement d'un état palestinien dans la Cisjordanie et
la Bande de Gaza, la reconnaissance de la Résolution 194 de l'ONU par
Israel ou le droit au retour. Mais les deux parties accorderaient sur le
retour qu'un petit nombre de réfugiés en Israel en accord avec un plan
s'étendant sur plusieurs années. Chaque famille de réfugiés pourraient
choisir une des options suivantes : " (1) Retour en Israel en accord avec un quota annuel et devenir
citoyen israélien ; (2) rester dans l'état palestinien qui sera établi
en Cisjordanie et à Gaza et recevoir une compensation équitable pour les
biens saisis par Israel et pour toute autre perte et souffrance ; (3)
recevoir la citoyenneté palestinienne, retourner dans des zones désignées
à l'intérieur d'Israel qui seraient échangées plus tard avec des zones
palestiniennes comme une partie d'un échange territorial et recevoir une
compensation ; (4) recevoir une compensation équitable pour les biens,
pertes et souffrance et rester dans le pays d'accueil en recevant soit la
citoyenneté de ce pays, soit la citoyenneté palestinienne ; (5) recevoir
une compensation pour les biens, pertes et souffrance et émigrer dans un
pays européen, USA, Australie ou Canada et obtenir la citoyenneté de ce
pays ou la citoyenneté palestinienne. " Le nombre de personnes ayant choisi l'option (1) se monte à 23% au
Liban, 12% en Cisjordanie et Gaza et 5% en Jordanie. Le problème avec ces options est qu'elles sont rédigées d'une telle
manière pour produire un résultat où la plupart des Palestiniens
choisissent de ne pas revenir. Premièrement, le paragraphe d'ouverture affirme à priori que
seulement un " petit nombre " de réfugiés sera en fait autorisé
au retour et que ces quelques chanceux pourraient devoir attendre beaucoup
d'années. Deuxièmement, la question offre un choix entre un retour et
une compensation comme si les réfugiés auraient seulement droit à l'un
ou à l'autre. La Résolution de l'Assemblée Générale de l'ONU 194 de décembre
1948, qui applique le droit au retour des Palestiniens mentionne : "
les réfugiés désirant retourner chez eux et vivre en paix avec leurs
voisins seraient autorisés à le faire à une date favorable le plus vite
possible et une compensation devrait être payée pour les biens de ceux
qui ne choisissent pas de revenir et pour les pertes et dommages de biens
qui, sous les principes des lois internationales et dans l'équité ,
devraient être réparés par les gouvernements et autorités
responsables. " Les maisons et les biens de beaucoup de réfugiés palestiniens ont été
saisis ou détruits par Israel. Ce n'est pas moins vrai pour ceux qui
peuvent opter de revenir comme ça l'est pour ceux qui ne le font pas. Ce
qui signifie en pratique est que même ceux qui exercent leur droit au
retour, ont légalement droit à des compensations pour des biens qui
n'existent plus depuis longtemps, qui ont été endommagés ou qui ont été
pris par Israel. Pourtant, de la façon dont les options de Shikaki sont formulées,
elles nient la compensation due à ces Palestiniens choisissant de
retourner en Israel (bien que ceux optant de vivre en territoire israélien
destiné à être échangé seraient éligibles). Par conséquent, pour
les réfugiés, la perspective de revenir sans ressources et sans toit
dans un état dans lequel ils sont en toute légalité, des citoyens de
seconde catégorie, tend à être beaucoup moins réjouissante que les
autres choix. Pourquoi ceux choisissant d'aller dans l'état palestinien,
" recevraient t-ils une compensation équitable pour leurs biens
saisis par Israël et pour toute autre perte et souffrance ", alors
que ceux qui vont en Israël n'obtiendraient rien ? Leur souffrance a
t-elle été moins sévère durant les dernières décennies ? Des sondages de ce type comme celui de Shikaki ne mesurent pas
l'opinion publique, ils la façonnent et dirigent la politique publique
dans une direction prédéterminée. Pourtant, même si cela s'avère vrai que seulement 10% de réfugiés
cherchent à revenir dans l'Israël d'aujourd'hui, cela se traduit par
environ 400 000 personnes -un nombre qu'Israël pourrait facilement
absorber. Si c'est le cas, les Israéliens n'ont même pas la moindre
excuse pour continuer à nier le droit au retour de ceux voulant
l'exercer. Quel que soit le nombre réel de ceux voulant rentrer, les réfugiés
n'ont pas être obligés ou sondés à distance. La paix doit être faite
avec eux et non contre eux. Ce qui signifie en leur offrant de véritables
choix qui reflètent leurs droits inaliénables. Cet article a été publié en premier lieu dans The Daily Star
(Toronto Canada) Ali Abuminah est vice-président de l'Arab American
Action Network à Chicago et co-fondateur d'ElectronicIntifada.net (
http://electronicintifada.net). Militant pour la justice et la paix au
Proche-Orient, il intervient régulièrement en radio et à la tv
notamment sur la BBC, CNN et Pacifica. |