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DOSSIERS
PRESSE
Le mur : ses
conséquences et ses dangers
Article
de Azmi Bishara (député Arabe de la Knesset Israélienne)
publié dans Al Hayat du 3 Juillet 2003
Ceux qui
voudraient démontrer combien il est facile de jouer avec les vies des
gens n'ont qu'à regarder ce qui se passe aujourd'hui en Palestine, où un
mur suit sa route en décidant du sort de toute une population. Tandis que
le mur psychologique entre l'occupant et l'occupé est parfaitement évident
pour tous les enfants Palestiniens, la construction du mur actuel est une
marque déposée israélienne qui va bien au-delà des caractéristiques
du régime d'apartheid en Afrique du Sud. Le mur aura 148 km de long dans
sa première étape, et sera haut de 8 m. Les travaux de construction ont
commencé le 23 Juillet 2002, après approbation en Conseil des ministres
à la suite de l'invasion de Mai 2001. Il a transformé l'occupation en un
état de fait absolu. C'est une barrière absolue, dont l'impact ne sera
pas diminué par la création d'un état Palestinien. Même la trêve de
1949, qui n'a pas permis l'établissement de la paix, n'a pas été la
cause de la mise en place d'un mur ou d'une barrière. Le mur changera
toute zone Palestinienne en canton, dont Israël pourra fermer la porte à
tout moment. Des experts en matière de sécurité considèrent que la
fermeture de la zone de Gaza constitue une expérience sécuritaire qui
peut être déployée en Cisjordanie. Le mur va désorganiser la vie de 67
communautés Palestiniennes, et aura un impact direct sur leurs relations
avec leurs terres agricoles. Quinze villages dont les terres agricoles
resteront du côté ouest du mur perdront l'accès à leurs propriétés.
Les Israéliens ont promis de mettre en place des "portes
agricoles", pour permettre aux agriculteurs Palestiniens d'atteindre
et de cultiver leurs terres. Mais ce procédé deviendra très
probablement une expérience abominable puisque l'accès à ces terres
fera l'objet de permis que les Israéliens émettront ou refuseront d'émettre
selon leur bon vouloir. L'idée de base est de rendre difficile tout accès
des Palestiniens à leur terres, et de les confisquer ultérieurement. Le
mur retiendra 96.500 ares sur son côté ouest, les séparant ainsi de la
Cisjordanie. En sus, les courbes et les tournants du mur en retiendront
6550 de plus, tandis que 11.400 ares seront absorbés par la construction
même du mur. En plus de tout cela, 18 centres de population Palestinienne
resteront du côté ouest ; 19 de plus seront enserrés dans les courbes,
restreignant totalement les mouvements de ses habitants. Contrairement aux
résidents de Jérusalem, ils n'ont pas de carte d'identité Israélienne
les autorisant à aller et venir librement au sein de la Ligne Verte, pas
plus à aller en Cisjordanie. Et s'ils y vont, ils ne pourront rentrer
chez eux. Jusqu'ici, le mur a déraciné 83.000 arbres et démoli 35.000 mètres
de tuyaux d'irrigation, et détruit 11.400 ares de terres agricoles.
Egalement, le mur a annexé à Israël 31 puits, déniant ainsi aux
Palestiniens quelque 4 millions de mètres cubes d'eau par an. Construire
le mur n'est pas seulement une action de ségrégation raciale, mais aussi
un crime de nature politique à l'encontre du peuple Palestinien. Il démarque
des frontières politiques. Et lorsqu'il colle à la Ligne Verte, une
nouvelle couche lui est rajoutée de l'intérieur, ce qui le sécurise de
l'est, et sécurise les colonies qui sont à l'intérieur. Malgré tout,
Israël prépare un mur de l'est le long de la vallée du Jourdain. Ce mur
fait partie d'un plan de création de nouvelles colonies, dont ceux qui se
réjouissent du gel de la colonisation ne sont pas informés. Et si nous
incluons les colonies qui s'étendent sur son flanc ouest et est, la mise
en place d'un apartheid devient totalement évident, même si de nombreux
citoyens d'Afrique du Sud considèrent l'apartheid plus clément. Pour le
Likoud, le mur est une question de sécurité et non une affaire
politique, et ce non pas parce que le mur marquera la Ligne Verte mais
parce qu'il veut des frontières tortueuses à l'est, en sus d'un mur qui
lui sera rajouté de l'ouest et constitutif d'une couche sécuritaire. La
Gauche Israélienne, et plus particulièrement le parti Travailliste, non
seulement défendent le mur mais ont en plus un groupe de pression au sein
de la Knesset pour l'appuyer. Le cessez-le-feu palestinien offre
l'opportunité de traiter de cette importance question pour la communauté
Palestinienne et pour ses futures relations avec Israël, après qu'elle
ait été négligée par les politiques Palestiniens et Arabes. Il offre
également l'opportunité d'organiser des protestations à l'intérieur
des zones occupées comme à l'extérieur de celles-ci, en vue de prévenir
la construction du mur. Il est aisé de diriger la lutte de cette façon,
comme il reste possible d'arrêter la construction du mur. Pas un seul état
au monde n'accepte l'argument d'Israël pour la construction d'un tel mur
monstrueux, pas un Etat qui soit en guerre ou en paix, parce que aucune
science politique quelconque ne peut accepter des méthodes aussi
brutales.
Traduction
de l'anglais: Claire Pâque
voir
et imprimer le réseau de murs sur:
http://www.france-palestine.org/Articles/mur.php
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