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DOSSIERS PRESSE Isoler la droite israélienne L’édification du mur, ajoutée à de nouvelles implantations
illégales, va contre la création d’un Etat palestinien indépendant Ce
n'est pas un hasard si, comme cela s'est récemment produit, la Knesset
approuve une déclaration politique stipulant que «Judée,
Samarie et Gaza ne sont ni historiquement ni politiquement ni
juridiquement des territoires occupés». Il n'est pas plus surprenant
que la même Knesset ait voté à une large majorité contre la «feuille
de route», un vote que nous avons réclamé pour établir le fait que le
gouvernement refuse un processus de paix qui nécessite l'engagement des
Israéliens. L'actuel gouvernement de coalition, on ne peut plus radical,
rejette en bloc le principe de la feuille de route. Cette
feuille de route est sans doute truffée d'inconvénients, et nous incite
à de nombreuses objections : elle ne comporte notamment aucun plan
d'action obligeant le gouvernement israélien à prendre des mesures
drastiques. Elle laisse au contraire à Israël le monopole, et lui offre
la possibilité de différer ses actions sur toute la durée des trois
phases prévues. L'aspect le plus désavantageux de la feuille de route
concerne cette idée d'un «État Palestinien provisoire» occupant à
peine 42 % de la Cisjordanie et de Gaza. Ce caractère «provisoire» est
d'ailleurs une constante de la politique israélienne dans le conflit
israélo-arabe en général, et le conflit israélo-palestinien en
particulier. Ainsi, notre principale objection tient au fait que nous
allons droit à une situation d'apartheid, avec d'une part l'approbation
des Palestiniens et de la communauté internationale, et d'autre part les
Israéliens, qui poursuivent l'édification du mur de séparation. La
construction du mur de séparation dresse des frontières politiques
permanentes. A l'inverse de ce que prétend Sharon, le gouvernement israélien
confisque aux Palestiniens de nouvelles terres. Son édification, ajoutée
à de nouvelles implantations illégales, constitue le principal obstacle
à la création d'un État palestinien indépendant suivant les frontières
du 4 juin 1967. Dès lors, soit nous assistons à la fin de l'occupation
israélienne sur tous les territoires de 1967 grâce à un compromis
historique entre le mouvement national palestinien et Israël, soit à la
mise en place de bantoustans comparables aux bantoustans noirs d'Afrique
du Sud au temps de l'apartheid, une solution intitulée «réorganisation
de l'occupation». A
la vue de ce qui se passe actuellement, et en dépit de notre indéfectible
attachement idéologique et politique à une solution «à deux États»
(une Palestine érigée sur les territoires de 1967 et un État d'Israël),
cette idée d'un «État Palestinien temporaire» - qui doit être rejetée
- ainsi que la construction du mur et les nouvelles implantations vont
nous amener à remettre en question la solution «à deux États», et à
nous aligner sur la solution d'un Etat démocratique binational, allant de
la rivière à la mer, où tous, Juifs autant qu'Arabes, jouiront de leur
liberté, en conformité avec le slogan «un homme, un vote». La
solution d'un État unique inclut deux communautés culturelles : les
Arabes palestiniens avec leur culture arabo-christiano-islamique, et les
Juifs israéliens avec leur nouvelle culture hébraïque. Une solution que
rejette massivement la société israélienne. Notre intention n'est pas
de la lui imposer à tout prix : l'alternative «à deux états» est
celle que nous continuons de soutenir et à appeler de nos vœux ; c'est
la plus réaliste sur le plan local, régional et international, et dans
le monde arabe comme en Israël. Notre
véritable dessein est d'isoler la droite israélienne et son idéologie
expansionniste, qui exclut la création d'un État palestinien. Il nous
faut marginaliser politiquement cette idéologie, en lui opposant un
mouvement populaire hostile, encouragé par les élites israéliennes,
lesquelles devront prendre conscience que l'occupation et le projet
d'expansion dans les territoires palestiniens sont impossibles à
poursuivre. De leur côté, les Palestiniens ne peuvent accepter un nouveau système de séparation raciste où, comme le prévoit la feuille de route dans sa référence à un état «temporaire», les Palestiniens tiendraient le rôle des Noirs sud-africains. Cela ne correspond pas aux aspirations du peuple palestinien qui résiste, et se bat contre l'occupation pour accéder enfin à l'indépendance, à la liberté et à la dignité humaine. Traduit de
l'anglais par Bérangère Erouart. |