AFPS Nord Pas-de-Calais CSPP |
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Lundi 21 juillet 2003 << Départ
de Jérusalem a 16h30 pour Tulkarem. Premier
Check-point a mi-chemin, notre Chirout passe sans problème. A
l arrivée a Tulkarem, second
Check-point, refus catégorique de passer sans autorisation. On
fait alors un détour vers un 3e C-P et la, le même refus de la part des
soldats. On se dirige alors vers un 4e C-P au niveau de Baqa El-Gharbiya.
Le chauffeur négocie près de 30mn notre passage. Nous
pouvons enfin passer ;mais le chauffeur moins chanceux Nous
rencontrons ce soir- la, le responsable des affaires sociales de Tulkarem.
Il nous expose la situation actuelle pour la région de Tulkarem, a savoir
le mur de l apartheid, qui est déjà bâti autour de certaine ville comme
Calquilyia, et qui se construit progressivement pour encercler toute la
Palestine occupée. En
début de matinée, nous apprenons qu'aura lieu a 3 km de Tulkarem, au
niveau de la porte de Dar El
-Roussoum, gardée par des soldats israéliens, une manifestation des
paysans de Tulkarem.Le motif ? les paysans veulent tout simplement passer
pour accéder à leurs champs dont ils sont sépares à cause de ce mur. Ils
veulent travailler sur leurs terres mais ils sont systématiquement à la
merci de décisions arbitraires des militaires présents. Il
y a une 50aine de
manifestants dont une 20aine d internationaux. Le ton monte vite entre les
2 parties lors de cette 1ere tentative de négociation. Le sous-officier
menace la foule avec sa mitraillette M16.les manifestants se dispersent et
reculent un peu. Le groupe se reconstitue et cette fois les internationaux
forment une chaîne humaine entre les militaires et les manifestants. Le
ton baisse, nous faisons face a des soldats + nombreux. C'est la 1rer fois
que notre groupe se retrouve dans cette situation critique, nous avons
peur mais les chants des palestiniens nous encouragent et nous
confortent dans notre position face a cette injustice : ils veulent
seulement pouvoir travailler sur leur terre. Sur
le nombre de soldats présents, il y en a 3 ou 4 de vraiment agressifs.
Nous sommes frappes par la jeunesse de ces soldats, ce sont des
gamins(minimum 16 ans)armes jusqu aux dents, des jeunes qu on pourrait
croiser dans des bars, dans un autre contexte, avec lesquels on aurait pu même
sympathiser, va savoir... Nouvelle
inquiétude : des renforts israéliens civils armes, ainsi que la police israélienne
ont rejoint les militaires. Un officier arrive pour terminer les négociations. Cela n'aboutit a rien : la
force armée repousse violemment les manifestants et les internationaux,
nous menace avec leurs armes et bombes lacrymogènes. Ils irons même
jusqu a moleste très violemment l un des internationaux de l'ISM. Ils nous repoussent au delà
de la porte qu ils referment en mettant en place une chaîne et un
cadenas. Les manifestants le coupent avec une pince, le récupèrent et
narguent les soldats, une faible et dérisoire victoire face a cette
nouvelle humiliation. La violence monte a nouveau
du cote de la force armée, ils sont passablement excédés par ces
manifestations. Ils pointent leurs armes et
montrent leurs bombes lacrymogènes aux manifestants. Une Jeep de l'armée arrive
alors de notre cote de la barrière, et donne sérieusement l impression
de vouloir foncer sur la foule. Les internationaux se placent alors entre
le véhicule et les palestiniens. Un des internationaux se met même a
genou devant la jeep, cela calmera les militaires qui s en retourneront et
a leur tour les manifestants se disperseront. Pour notre mission, c est
une première, pour les palestiniens c est un lot quotidien. Quand nous étions
inquiets devant les armes, eux ne craignaient pas les menaces militaires. Nous apprenons par la suite
que les médias arabes étaient présents sur les lieux, ce qui a sûrement
permis un retour au calme relatif. Au retour de la
manifestation, nous croisons un mariage. Ils nous invitent a sortir de
notre taxi et a danser avec eux. C est un moment qui nous réchauffe le cœur.
La vie continue… A 14H, départ a El
Djarouchiya, a 3 km de Tulkarem, pour rencontrer une riche famille de la région.
Jusque la, ils pouvaient vivre aisément grâce a la culture des olives et
des amandes. Depuis la construction du mur, a une 50aine de mètres de
leur habitation, leur terres se ‘retrouvent dans la mauvaise zone’ ce
qui leur enlève toute possibilité d’accéder librement a leurs terres.
Ainsi cette famille au début de la construction du mur a perdu 40 ha puis
a nouveau 45 ha. Il faut savoir que le mur
que les israéliens sont entrain de construire se fait en plusieurs étapes.
D’abord ils plantent uns barrière avec des fils barbelés + parfois
certaines portes ferrées jaunes cadenassées. Hors les traces de
ce mur (que les autorités modifient régulièrement) empiètent très
largement sur les territoires palestiniens. La ou nous étions ce matin,
cette barrière empêchait les paysans palestiniens d accéder a leur
oliveraies et donc a leur principale source de revenu. On connaît grâce
a nos observations sur le terrain et a nos discussions avec les personnes
des différentes municipalités, les objectifs de la construction du mur.
Il s’agit ni plus ni moins de confisquer les terres, de détruire ainsi
les principales ressources des palestiniens et d’enclaver les villes qui
restent. Cela forcerait ainsi la population a s’exiler. Ou est la raison
sécuritaire prônée par les autorités israéliennes? Une loi israélienne
stipule qu’un terrain non cultivé pendant trois ans est un terrain
confisqué par l’État. Pour en revenir a la famille rencontrée,
la séparation avec leur terre implique que toute la production annuelle
(45 tonnes d’olives et 4 tonnes d’amandes) sera perdue. 17H, nous sommes invites au
siège du syndicat qui existe depuis 1930. Visite de leur salle
d’informatique qui existe depuis 6 mois et qui a vu le jour grâce a la
venu de la CGT l’année passée. Au retour suite a un contrôle
militaire, nous apprenons qu’il y a eu une altercation entre l’armée
et des palestiniens. Le bilan est lourd, un mort et un blesse du cote
palestinien. Cette altercation aura pour effet d’entraîner la mise en
place d’un barrage dans le quartier et d’un couvre-feu. Nous ignorons
ce qui s’est réellement passe pour avoir entraîne cette montée de
violence. Mercredi 23 juillet 2003 Visite du camp de réfugies de Tulkarem Ce camp compte actuellement 17 000 habitants originaires des villages situes au delà de la ligne verte 600 villages ont été en effet confisques en 67. A l’origine la ville de Tulkarem s’étendait jusqu’a la ville actuelle de Netanya qui était un petit village. Les autorités britanniques avaient leur chef lieu a Tulkarem. Les bâtiments de cette époque britannique ont été récupères par la Palestinian national authority et ont été complètement détruits, en mars 2002 par des missiles F16. Une mosquée a également été détruite. Les envahisseurs sont restes trois jours pour accomplir leur mission. L’ensemble des organisations administrative, politique, culturelle et sociale ont été visite et vide de leur matériel. Les ordinateurs qui disposaient d’une base de données indispensables ont été voles. Rappelons que l’État occupant interdit aux Palestiniens la reconstruction de ces bâtiments. Un deuxième camp est situe trois km plus loin. En 1948, 2 000 maisons ont été construites par les nations unies. Chaque maison comprend une ou deux personnes émigrées qui soutiennent leurs familles. Il y a une université ‘Al Qods’ proche du camp et bon marche. La plupart des étudiants peuvent donc s’y rendrent. La situation économique des habitants est catastrophique depuis la seconde Intifada. Alors que le revenu annuel moyen s’élevait a 2000 dollars avant l’Intifada, il est actuellement inférieur a 100 dollars. Certaines familles disposent de moins de 5 shekels par jour pour vivre. Il y a donc beaucoup de cas d’anémie. Les besoins ont augmente du fait de l’impossibilité pour les réfugies de se rendre en Israël pour travailler. La quantité de nourriture distribuée par l’Unrwa n’a pas augmente. Précisons que les missions de cette agence internationale ont explose Les agences locales de l’Unrwa subissent des pressions car elles pensent qu’il y a de la corruption. Les palestiniens trouvent cette situation écœurante et pensent que ces organisations subissent elles mêmes des pressions des pays faiseurs de guerre L’occupation israélienne rend là encore les déplacements difficiles. Il faut dorénavant compter 2 a 3 heures pour aller a Naplouse alors qu’il fallait compter 20 minutes avant l’arrivée des check points . Il y a deux écoles dans le camps, une école pour filles
et une école pour garçons les élèves doivent se rendre en ville pour intégrer
une école secondaire. Mais depuis la 2nde Intifada les choses se sont compliquées, souvent des incursions militaires viennent déranger la pseudo tranquillité du camp et celle des maisons. Notre guide nous montre le mur ou les soldats ont fait un trou pour accéder a la maison voisine. Ce trou a été rebouche avec les moyens du bord. Cette pratique militaire est courante et elle permet aux assaillants de ne pas être repérés par les habitants. Notre hôte nous explique la difficulté a faire des projets, de fonder une famille. Il a une trentaine d’années et ne travaille pas depuis 2 ans, il ne peut quitter le camp pour tenter sa chance ailleurs… et c’est le cas d’un grand nombre d’entre eux. Le soir nous avons rencontre une délégation de la PFU (Palestinian Farmer Union). Voici les principales difficultés qu'ils rencontrent: Les cultivateurs ne peuvent accéder a leur oliveraie car
les terres se situent à l'extérieur du mur. De plus, le mur se situe au
dessus des sources d'eau. Il y a donc impossibilité d'accéder a l’eau.
La quantité perdue s’élève a 4 000 000 de m3 par an la moitie de
cette eau est utilisée par le peuple et l’autre moitie est utilisée
par les agriculteurs. Les paysans ont donc été expulses de l'autre cote
du mur. 1000 familles se retrouvent sans travail et n’ont pas eu le
temps de démonter leurs serres. Depuis les manifestations des paysans contre le refus d’accès a leur terre, les israéliens ont construits deux autre portes de part et d’autre du mur afin d’empêcher les paysans de se situer au niveau de la porte centrale. Ce jour la nous apprenons également que les musulmans de Hébron n’ont pas pu faire l’appel a la prière. Les 400 colons entoures de 400 000 Palestiniens ont obtenu gain de cause car ils se sentaient gênés par les appels à la prière. Nous apprenons également que les occupants ont interdit l'accès à la mosquée Al Aqsq de Al Qods aux musulmans n'habitant pas la vielle ville. Des colons ont eu l'autorisation provocatrice de se rendre a l'esplanade des mosquées. Nous sentons que tout est fait pour que les Palestiniens se soulèvent et permette ainsi au faiseur de guerre d'envahir un peu plus les reste des territoires occupes complètement enclaves Provocation, Humiliation, Irrespect… telles semblent être les devises actuelle de la “seule démocratie du proche orient” Revenons a l’entretien avec la PFU. La troisième grande difficulté concerne les étudiants. Ils n’ont pas les moyens de s’inscrire dans les universités du fait du manque de ressources faisant suite a la confiscation des terres. APPEL A PROJETS Plusieurs projets possibles et indispensables sont évoqués. L’objectif principal est de permettre aux Palestiniens de continuer a travailler leur terre. Un premier projet consisterait a aider 300 paysans en leur permettant de reconstruire une serre. Le coût global de ce projet s’élève pour un donom a 1500 dollars. 300 donoms sont concernés. Un deuxième projet concerne la construction d’un réservoir d’eau de 1 250 m3 . les occupants ont détruits les principaux réseaux de distribution de l’eau. Les paysans ne peuvent donc pas envisager de retravailler une nouvelle terre. Ce projet concerne trois villages Attin, Saida et Attil . La construction de ce réservoir permettrait aux paysans d’anticiper d’éventuelles destructions des moteurs de distribution .Ils achètent leur eau à une compagnie privée. Les débits ont des pressions différentes et une perte de 30% existe. La construction de ce réservoir permettrait donc de ne pas dépendre des aléas de l’occupation et d’utiliser la quantité d’eau nécessaire aux serres. Le projet concerne également l’achat de 500 compteurs individuels qui permettrait a 500 familles de rester sur place et de travailler. Un donom de serre permet de faire vivre une famille de 5 personnes. L’individualisation des compteurs se justifie dans la mesure ou les cultures sont différentes et ne nécessitent donc pas les mêmes quantités d’eau. L’achat du matériel est collectif et serait géré par la PFU\PARC qui facturerait les ventes individuelles d’eau. Ce projet serait en partie pris en charge par le PARC (Palestinian Agricultural Relief Committee) et une de ses compagnies satellites “le RIF”. Le coût global de ce projet s’élève a 500 000 NIS. 170 000 NIS seraient supportés par le PARC et les 330 000 restants concernent le projet. Le RIF prendrait en charge la maintenance et la distribution de l’eau. Des frais administratifs seraient donc facturés aux paysans. Le coût de l’eau serait dans tous les cas inférieur à ce qu’ils payaient jusqu’alors. Un troisième projet concerne la commercialisation de 25
000 tonnes d’huile d’olives. L’association ANDINE a déjà pris en
charge la commercialisation d’une partie des stocks. L’AFPS 04 est également
impliquée dans ce projet. Les agriculteurs ont entame une procédure de
labellisation “Bio”. Différentes analyses ont été faites sur cette
excellente huile et atteste son grand niveau de qualité. Les exportations
sont possibles même s’il arrive que Israël fasse du zèle au niveau
des principales formalités nécessaires aux échanges extérieurs. Nous nous apprêtons a quitter Tulkarem, avant nous visionnons une K7 vidéo sur la destruction des cultures de F, notre hôte Il y a trois mois, en fait, des bulldozers sont venus sans l'avertir, ils brisèrent les serres, détruirent les cultures Un voisin a avertit la famille qui tenta de sauver ce qu’il restait à sauver. Les paysans ont bien tenté de s’interposer mais que faire face a l’arrogance de l’armée et la menace d’un F16 Nous décidons d’aller voir les terres perdues de notre hôte. Nous sommes interceptes par 4 soldats qui attendent tels des rapaces, une proie pour s’amuser un peu, a l’ombre, sous le seul olivier qu’il reste de cette pauvre terre. Contrôle d’identité. Nous sommes 3 hommes, 3 femmes et 5 enfants, le profil type de terroristes! Le contrôle dure 2 heures, une bonne moyenne pour des vacances au soleil. Pour nous, ce n’est pas bien grave, mais le palestinien qui nous accompagne s’est déjà fait tabasse par l’armée. F. nous a rejoint. Curieuse conversation entre lui et les soldats. F. leur demande s’ils ont une famille et ce qu’ils feraient s’ils devaient quitter leur terre sans ressources, sans rien! L’un des soldats, le plus arrogant lui demande s’il fait de la politique, les 3 autres ne disent plus rien en manque d’arguments On nous propose de l’eau d’un jerricane militaire. Les enfants refusent : “Ils veulent nous faire boire de l’essence!” F. rit. L’un des soldats dit comprendre leur réaction. Mais alors pourquoi servir dans une armée d’ occupation? Ce sont les ordres? Enfin, nous nous consolons en nous disant qu’heureusement, il y a quelques soldats qui ont un peu plus d’humanité que les autres. Ca limite les exactions! Départ de Tulkarem, les cœurs
et les gorges serrés nous quittons F. et sa famille. Nous passons
le check.point sans problème.[juste] une fouille de nos sacs et
la question inévitable que faisions nous a Tulkarem.De l'autre
cote du cp cote israélien de nouveaux amis nous attendent. Nous
embarquons dans 3 voitures 5 minutes après nous sommes a bon port
chez des arabes israéliens de Taibe. Nous sommes plutôt dans une
famille aisée. Ils nous informent q'une manifestation a lieu en réaction
a la mort de Moursi un habitant de Taibe. Cet homme jeune de 30
ans avait été tué 4 jours auparavant par des militaires. Nous
avons rencontré une femme présente sur les lieux qui nous a
relaté ce qu'elle avait vu, il y avait 4 militaires +1 hélico.
Les militaires ont sommé le conducteur et son passager de
descendre de leur véhicule
les mains en l'air pour des raisons que l'on ignore(contrôle d'identité
,fouille du véhicule)les militaires leur ont demandé de se déshabiller
par précaution, quand notre témoin est repassé 10 minutes après
l'homme gisait a terre, tué par les militaires. Nous rejoignons
la manif des qu'elle passe près de la maison de nos hôtes,
l'ambiance;drapeaux noirs avec écritures coraniques, des enfants
sur les camions du cortège portent les photos de la victime, des
gens sont en larmes dans la rue. La manif s'arrête devant le
domicile de la victime, c'est une enieme manifestation légale orchestrée
par des gens déterminés et malheureusement habitués a organiser
ce genre de réponse aux"accident"dont sont victime les
arabes ou arabes israéliens au nom de la sacro sainte sécurité.
La manif s'achève par une prière funéraire. Nous rejoignons nos
hôtes pour entamer des discutions sur le sort des arabes d'Israël.
Racisme, discrimination{au travail les bonnes places ne leur
reviennent jamais}sont au cœur de leurs préoccupations. Une
jeune prof de langue arabe w, nous confie qu'aucun programme ne rappelle
l'histoire, le patrimoine culturel de la Palestine est censuré.
Petite note d'histoire toutefois
dans le formatage de
leur patrimoine, une collègue de W., prof d'histoire abordant le thème
de la démocratie fut interpellée un jour par la réaction d'un
de ses élève de 16 ans. Après avoir écouté le cour sur les
fondements de la démocratie il demanda:mais alors Israël ce
n'est pas une démocratie? la prof s'est contentée de lui
sourire…soulagée et satisfaite du pouvoir de l'éducation. |
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