AFPS Nord Pas-de-Calais CSPP

   


INFOS GAZA

Palestine 33     tel & fax 05 56 62 05 78             jacques.salles@wanadoo.fr condensé du rapport allant du 29 janvier au 11 février 2004  issu par le « Palestinian Center for Human Rights » de Gaza

 

                                            INFOS GAZA  - 172 & 173 -

 

 En raison de la fête de l’Aïd ce rapport regroupe les 2 semaines précédentes.  Bilan : 20 tués. 24 maisons et 3 écoles démolies. Défonçage d’oliviers et de palmiers dattiers   , saccages de serres, fouilles sans préavis, arrestations arbitraires, mesures de rétorsion contre les familles comptant des résistants, utilisation de boucliers humains, confiscation en cours de quelque 90 hectares de terres agricoles, siège allant se durcissant à tous les points névralgiques de la bande de gaza .

 

Bombardements et incursions en terre palestinienne – attaques de civils et de leurs biens

  • Vendredi 30 janvier – 20h00- Depuis la frontière égyptienne où il est cantonné, l’occupant ouvre le feu sur la localité de Al Brazil. ISMA’IL ‘AABDIN, 11 ans, est blessé par éclats d’obus à la tête.
  • Samedi- 03h00- Appuyé par 2 tanks et un hélicoptère l’occupant pénètre à 150m dans Al Satar – Al Gharbi au N.O. de Khan Younis. Un demi hectare occupé par 3 serres, toutes plantées de légumes de saison ainsi que leur système d’irrigation  sont passées sous les chenilles des engins. Elles contribuaient au revenu des familles AL ASTAL
  • 11h00- Appuyé par 2 tanks et un bulldozer l’occupant pénètre à 200m dans la localité de Al Qarara au N.O. de Khan Younis. Il défonce près d’un hectare planté d’oliviers appartenant aux familles AL FARRAH . Le 21 janvier l’occupant leur en avait déjà défoncé un hectare
  • 11h15- En position à Tal Zo’Rob à l’ouest de Rafah, l’occupant tire sur la localité. FATEMA HIJAZI, 29 ans,  prend une balle en pleine poitrine.
  • Lundi 2 Février – 03h10-  2ème jour de l’Aïd – Appuyé par des blindés et des hélicoptères l’occupant pénètre à plusieurs centaines de mètres dans Tal Al Sultan à l’ouest de Rafah.  La maison de YASSER AL’AISH, 35 ans, membre du Jihad Islamique, est cernée. Lors d’un précédent affrontement YASSER y avait déjà laissé ses deux jambes et son bras droit. La maison maîtrisée, l’occupant ouvre le feu aussitôt. YASSER et son frère HUSSEIN, 38 ans, ripostent. A court de munitions les tirs cessent. L’occupant oblige alors ABDUL AL ‘AISH, 52 ans, qui habite la maison voisine de pénétrer et de dire aux 10 résidents restés bloqués à cause des tirs, de sortir. ABDUL doit aussi trouver le corps de YASSER. Il gît dans une marre de sang. La scène est ignoble, ses prothèses n’étant plus reliées à son corps. ABDUL sort sans tirer le corps avec lui. L’occupant s’en charge, l’expose au milieu de la rue et lui tire plusieurs balles à bout portant, puis il photographie le cadavre. Au moment où il tirait le corps hors de la maison l’occupant a pu voir le corps de HUSSEIN qui baignait lui aussi dans son sang.

Au cours de cette incursion des tanks et des hélicoptères ont assuré la protection de l’occupant. Des membres de la résistance ont bien essayé d’intervenir pour protéger les 2 frères AL’AISH mais 2 d’entre eux y ont laissé leur vie : BAHAA JOUDA, 24 ans, et MAJDI  AL KHATIB, 25 ans, tués sur le coup. 3 civils ont également été blessés : RAEDAL MUZAYEN, 28 ans et YASSER AL SOUFI, 33 ans de plusieurs balles dans le dos. Leur état est critique.  3 maisons ont été sérieusement endommagées, une voiture détruite.

Il faut rappeler que HAMID AL ‘AISH frère de YASSER et de HUSSEIN a été tué au combat à l’âge de 28 ans l’année dernière

  • Mardi – 12h45-  Depuis la colonie de Gadid au S.O. de Khan Younis l’occupant ouvre le feu sur les terres agricoles du village de Baten Al Samin. ‘ALAA’ AL BASHITI , 23 ans, prend une balle alors qu’il travaille son champ situé à 400m de la colonie.
  • Mercredi – 02h30-  Depuis la frontière israélienne à la hauteur de Rafah l’occupant ouvre le feu sur la localité de Al Shouka. MOHAMMED AL SOUFI 24 ans,  prend une balle dans l’abdomen alors qu’il dormait chez lui.
  • Jeudi – 10h00- Accompagné d’un bulldozer l’occupant pénètre à 400m dans Wadi Al Salqa à l’est de Deir Al Balah. L’incursion dure jusqu’à 13h00 au cours de laquelle près de 5 hectares d’oliviers sont défoncés. Ils étaient la propriété et le revenu des familles AL SUMAIRI et AL MASRI.
  • 14h00- Depuis la frontière égyptienne où il est cantonné l’occupant ouvre le feu sur la banlieue sud de rafah. MOHAMMED DUHAIR, 2 ans, prend une balle dans le cou alors qu’il joue sur le pas de la porte de la maison familiale et AKRAM AL’OUF , 33 ans, est également blessé par balle alors qu’il est à proximité de son logement dans le bloc « J » du camp de réfugiés de Rafah
  • Parmi les activités conjointes des colons et de l’occupant, l’après midi de ce jeudi a été choisi pour distribuer des avis de réquisition de terres aux alentours de la colonie de Kfar Darom et ce, pour des raisons de sécurité et pour des motifs militaires. L’ordre de réquisition émane du général en chef DAN HAREL , responsable  du commandement sud des forces d’occupation. Cette réquisition porte sur 22 hectares appartenant aux familles ABU BASHIR, ABU SA’ID, AL AGHA, AL QEDRA, AL TAWASHI, ABU O’BEID, ABU SAMRA. Toutes ces terres ont déjà été défoncées dans les mois qui précèdent.  Par ailleurs le 19 janvier 2004  10 autres familles avaient également été informées que leurs terres situées dans le même secteur seraient réquisitionnées pour les mêmes raisons. Il en allait de 70 hectares. Le P.C.H.R. a fait appel de ces deux décisions pour demander la suppression de ces ordres de réquisition et l’indemnisation des familles.
  • Samedi- 20h00 – SALAH AL’AMASSI, 17 ans et HASSAN REZQA, 19 ans, tous 2 du camp de réfugiés de Al Bureij au centre de la bande de gaza, se dirigent vers la frontière israélienne à l’est du camp pour essayer d’entrer en Israël afin d’y trouver du travail pour subvenir à leurs familles dans le dénuement . Déjà interdits de travail en Israël ils essayent de franchir les barbelés. Ils sont aussitôt repérés. L’occupant tire. REZQA prend une balle dans l’abdomen et se vide de son sang sur place. AL’AMASSI réussit à s’échapper. Ce n’est qu’à 11h00 le dimanche qu’une ambulance palestinienne n’est autorisée à venir ramasser le corps
  • Dimanche – 04h00- Appuyé par 20 blindés et 2 hélicoptères l’occupant pénètre dans Al Salam situé sur la frontière égyptienne au sud de Rafah. L’incursion se poursuit jusqu’à 19h00. Il s’agit de mettre la main sur ASHRAF ABU LIBDA, 32 ans, recherché pour ses supposées activités au sein de la brigade de résistance Abu Ali Mustafa, l’aile militaire du F.P.L.P. (front populaire de libération). L’occupant commence par ouvrir le feu sur le secteur : 21 civils sont touchés dont 9 enfants et 2 femmes. La place étant nette la maison d’ABU LIBDA est cernée. Par haut parleur l’occupant le somme de sortir de sa maison. En réponse ABU LIBDA tire sur l’assaillant. Il tombe à court de munitions. L’occupant pénètre alors et tue ABU LIBDA de plusieurs balles à travers le corps. Son père est blessé ; ses 4 frères sont arrêtés. Ils seront relâchés 8 heures plus tard.

L’occupant passe alors à la maison de HARB QESHTA . Elle et cernée, fouillée. Les oliviers entourant la maison, défoncés. Plusieurs maisons voisines sont endommagées ainsi que des bâtiments publics

                Le P.C.H.R. tient encore une  fois à dénoncer l’utilisation de moyens disproportionnés et excessifs par rapport à                 l’objectif poursuivi : 20 tanks et 2 hélicoptères pour arrêter un homme, blessant de nombreux civils et faisant                des dégâts sérieux.

                Déjà le 2 février une opération analogue avait été menée.

  • Lundi – 17h00-  La marine nationale israélienne arrête 6 pêcheurs au motif qu’ils étaient en dehors des zones de pêche autorisées : 4 de la famille AL HISSI : RAJAB, 80 ans, JIHAD, 30, KHALED, 20 et MAJDI ,19 ; RAMDAN SHAMIA, 55 ans et MOHAMMED TULBA, 20 ans
  • Mardi – 09h00- Accompagné d’un bulldozer l’occupant défonce un ½ hectare d’oliviers situé à l’est de Deir Al Balah sur les terres de la localité de Wadi Al salqa
  • Mercredi -05h00-  Une unité déguisée en arabes pénètre dans la localité de Al Shojaeya à l’est de Gaza-ville en provenance de Nahal Ouz, poste frontière israélien. L’unité se dirige sur le commissariat de police de la force de sécurité palestinienne et ouvre le feu sur le personnel de service. Surpris, MOHAMMED ARMANA, 22 ans, est tué sur le coup ; 2 autres sont blessés. Quelques minutes plus tard, les blindés couverts par des tirs intenses pénètrent à 1.500m dans Al Shojaeya. La maison des 3 familles HASSANAIN est encerclée. ASHRAF, 22 ans est recherché. Les 17 résidents sont sommés de sortir. ASHRAF et 2 de ses compagnons y restent cachés. Quand l’occupant pénètre les 3 ouvrent le feu. L’occupant recule et laisse tirer. A court de munitions, l’occupant revient alors, place de la dynamite et fait sauter la maison. L’occupant ayant quitté les lieux on a retrouvé les corps de ASHRAF, de AYMAN KHALIL, 22 ans et de MOHAMMED HAYEQ, 25 ans ;

Cette utilisation excessive de la force a fait 4 autres tués :  HANI SUKHAILA, 25 ans, HITHAM ‘AABED, 25 ans, MOHAMMED AL ‘EJLA, 45 ans et ISMA’IL AL ‘ATA, 28 ans. 40 autres civils ont été blessés dont 20 enfants. Certains sont dans un état critique, les ambulances ayant été interdites d’accès pendant les opérations.

Par ailleurs MOHAMMED HELLES 27 ans, AKRAM ‘OQAILAN, 25 ans, MAHDI ZAIDIA, 25 ans et ‘AAMER AL GHAMARI, 24 ans, tous les 4 membres de la résistance ont été tués.

Selon les sources médicales toutes ces victimes sont mortes des suites de blessures qui n’ont pas pu être soignées à temps.

·         Ce même mercredi, une heure avant, à 04h00- des blindés protégés par des hélicoptères pénètrent dans le bloc « J » du camp de réfugiés de rafah. Ils s’engagent sur la route qui mène à Tal Al Sultan à l’ouest. L’occupant barre la route, prend position sur les terrasses des maisons qu’il réquisitionne et ouvre le feu. IBRAHIM ZO’ROB, 27 ans, est tué d’une balle en pleine tête ; MOHAMMED AL TANTAWI, 19 ans, tué d’une balle dans la poitrine  et MOHAMED AL HARNAIDA, 18 ans, tué d’une balle à l’abdomen.  17 civils sont plus ou moins gravement touchés dont 10enfants parmi lesquels 4 sont dans un état sérieux.

Au cours de l’incursion l’immeuble de 5 étages appartenant aux familles SHA’ATH est dynamité au prétexte qu’y débouche un tunnel. 6 autres maisons sont totalement détruites pour le même motif. 18 autres sont partiellement endommagées. 3 écoles de l’UNRWA et une de l’éducation nationale palestinienne sont touchées. L’occupant se retire le lendemain, Jeudi dans la matinée.

18h45-  Depuis la colonie de Qatif l’occupant ouvre le feu sur la localité de Al Satar –Al Gharbi. RAFIQ AL FARAH, 9ans, prend une balle dans la mâchoire inférieure.

Assassinats extra-judiciaires

Selon les enquêteurs du PCHR, il était 10h30 le samedi 7 février lorsqu’un hélicoptère de combat assisté d’un F.16 lâche un missile sur une Peugeot 205 qui roulait dans la rue Al Wihda près du dépôt des véhicules de la mairie de gaza, secteur particulièrement peuplé du Centre ville. A bord de la voiture : AZIZ AL SHAMI, 38 ans, un des responsables du Jihad Islamique et KHALIL BATJHINI, 25 ans, son garde du corps. Le missile explose sur le capot. Les 2 passagers sautent hors du véhicule alors que celui-ci prend feu. AL SHAMI y perd une jambe et sa main gauche. Il meurt à l’hôpital peu de temps après. AL BATHINI , moins gravement blessé, parvient à s’échapper.

TARIQ AL SOUSI, 11 ans, qui se rendait à l’école a été tué sur le coup. Son corps a été soufflé par la déflagration et projeté contre un arbre. Transporté à l’hôpital il y décédera quelques instants après.  11 autres civils ont été blessés dont 3 enfants parmi lesquels l’un d’entre eux est dans un état critique.

Punitions collectives à l’encontre de familles qui comptent des résistants

Jeudi 29 janvier à 01h30, accompagné d’engins blindés et d’un bulldozer l’occupant pénètre à 300m dans le secteur  d’Abu Haddaf dans Al Qarara village. La maison de ZIAD ABU HADDAF est cernée. ZIAD, 20 ans, est recherché pour faits de résistance. Les 10 résidents sont sommés de sortir. MOHAMMED, 44 ans, propriétaire et son fils NAHED, 22 ans sont utilisés comme boucliers humains pour la fouille de la maison. Toute la famille est sommée de quitter le secteur, une opération de sécurité étant en cours. Peu de temps après la maison de 2 étages ainsi que 3 dépendances sont détruites. Oliviers et palmiers dattiers entourant les lieux sont défoncés. 3 autres maisons du secteur appartenant à la famille ABU HADDAF sont fouillées. Leurs résidents sont gardés sous surveillance pendant 2 heures.

La poursuite du siège

Des restrictions sévères ont encore été imposées à la population pendant ces 2 semaines

·         Les barrages de Abu Huli et de Al Matahen sur l’artère principale à la hauteur de Khan Younis n’ont été ouverts que quelques heures par jour et ont acquit une renommée en matière d’humiliation et de sévices perpétrés sur la population civile. Des arrestations arbitraires, des fouilles systématiques de tous les véhicules coincés entre les 2 barrages ont été  effectuées au le demain de l’Aïd. Le mardi les barrages ont été fermés de 09h00 à 16h00

·         Depuis le 19 janvier 2004  le barrage de Al Tuffah – à la hauteur de Khan Younis-  pour rentrer dans le village côtier de Al mawasi est resté fermé. Le lendemain de l’Aïd, la sortie du village a été autorisée, mais pour rentrer il fallait que les résidents fassent le tour par le barrage de Tal Al Sultan à l’ouest de Rafah ;

·         Le terminal de Rafah seule sortie pour les Palestiniens pour prendre un avion pour l’étranger a également connu des restrictions : les pèlerins qui revenaient de La Mecque ont subi des humiliations  et des temps d’attente administrative dépassant l’entendement. Passer plusieurs nuits à la belle étoile dans l’attente du bon vouloir de l’occupant de laisser rentrer dans la bande de gaza, est devenu chose habituelle. Interpellations, interrogatoires, arrestations arbitraires sans prévenir les familles ou les employeurs comme ce journaliste MUHEEB AL NAWATI, 35 ans, de retour d’un reportage dans les pays du Golfe

·         Le poste frontière d’Erez s’est également durci. Nombre de travailleurs se sont vu refuser leur entrée en Israël, certains papiers administratifs ayant encore été ajoutés ou ayant été transformés. Ces mesures ne concernent pas que les travailleurs. Les malades devant se rendre impérativement dans les hôpitaux de Jérusalem s’en voient empêchés. Des femmes ont été soumises à une fouille humiliante et se sont vues refuser leur passage alors qu’elles étaient attendues dans un hôpital. Les ambulances palestiniennes ne sont plus autorisées à traverser. Il faut transporter les malades sur des brancards, à pied pour les remettre dans des ambulances qui les attendent de l’autre côté – ce qui a un effet désastreux sur leur moral.

 

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