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Le pouvoir des mots
Samedi 5 août
2006
http://www.liberation.fr/opinions/courrier/197234.FR.php
Je suis une Franco-libanaise vivant à Paris.
Je suis, comme les millions de Libanais, déchirée à la vue de mon
pays à feu et à sang. Je ne suis ni fervente de l'intégrisme ni
fervente de la violence armée, et je tenais à vous écrire ces
quelques mots en espérant qu'ils paraîtront dans l'espace qui vous
semblera le plus juste.
Lorsque vous dites « la guerre d'Israël
contre le Hezbollah », nous comprenons « la guerre d'Israël contre
le Liban ».
Lorsque vous dites « le droit d'Israël de se défendre », nous
comprenons « le droit d'Israël de nous détruire ».
Lorsque vous dites « les incursions israéliennes », nous
comprenons « l'occupation israélienne ».
Lorsque vous dites « les destructions au Sud Liban », nous
constatons « l'anéantissement du Liban entier ».
Lorsque vous dites « les infrastructures du Hezbollah détruites »,
nous voyons étrangement notre pays entier en ruine.
Lorsque vous dites « les chiites libanais », nous entendons « les
Libanais, chiites, sunnites, druzes et chrétiens ».
Lorsque vous dites « 900 civils tués », nous représentons une
Nation entière en deuil.
Lorsque vous décidez de tourner la page sur notre actualité, nous,
nous continuons à subir cette double violence : celle des armes et
celle de l'absence de mots justes.
Et, pendant que le droit international est
bafoué, pendant que les Conventions de Genève sont oubliées,
pendant que les membres de l'ONU sont en pourparlers, c'est encore
une fois le Liban qui est sacrifié.
Dima al-Malawi (Paris)
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