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CROIX DU NORD

opinions Croix du Nord n°2232 Du 28 octobre au 3 novembre 2011  P.7

La Palestine à l’ONU : la France doit dire oui

tribune - Jean-François Larosière,

de l’association France palestine Nord - Pas-de-calais

Le 23 septembre dernier à la tribune de l’ONU, le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a plaidé en faveur de la reconnaissance internationale de la Palestine, soixante-quatre ans après un partage par les Nations unies, ayant donné naissance au seul État israélien. S’en est suivie une demande d’adhésion de l’État de Palestine dans ses frontières d’avant juin 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale. Les peuples du monde sont en mouvement. Le Moyen-Orient bouge avec les révoltes/révolutions arabes, comme l’Amérique latine, où se manifeste une vague de reconnaissance de l’État de Palestine. La majorité des États est favorable à l’admission de la Palestine. Réticences et oppositions sont dans le camp occidental.

Les colons et les réfugiés

L’État israélien est un État colonial. Alors que le partage de la Palestine historique, par l’ONU en 1947, attribuait 46 % du territoire aux Palestiniens, au sortir de la guerre de 1947-1948, l’emprise israélienne s’établissait sur 78 %. La Nakba, la catastrophe, se traduit par l’expulsion de force de 600 000 Palestiniens, au prix de massacres comme à Deir Yacine. Ils peupleront les camps de réfugiés. Quatre millions de Palestiniens vivent hors de la Palestine. Un million et demi en Israël, issus de ceux qui échappèrent à l’expulsion, ont subi de multiples discriminations

 

Au sortir de la guerre de juin 1967, la Cisjordanie et Gaza sont à leur tour occupés par Israël et vont subir la colonisation. Celle-ci s’accélère après l’accord d’Oslo de 1993, présenté comme devant conduire à la paix. Les colons sont actuellement 300 000 en Cisjordanie. À Jérusalem « israélienne », au mépris du droit international, ils sont 200 000. Un mur d’ « apartheid » illégal au regard de la loi internationale consolide l’édifice colonial en Cisjordanie et à Jérusalem. Le Premier ministre israélien Netanyahou vient d’y autoriser 1 100 nouveaux logements.

Les Palestiniens résistent à l’occupation avec des formes et des organisations multiples. Aujourd’hui avec un mouvement populaire pacifique appuyé par des volontaires internationaux et des Israéliens engagés contre l’occupation, ils s’opposent aux exactions. Résister, c’est aussi s’instruire, faire du théâtre ou du sport. Il y avait une équipe de Palestine aux Championnats du monde cadets d’athlétisme à Villeneuve d’Ascq en juin de cette année.

Plusieurs résolutions de l’ONU traduisent les droits nationaux du peuple palestinien. La résolution 181 qui donnait naissance à Israël prévoyait un « État arabe » sur 46 % de la Palestine historique. La résolution 242 du Conseil de sécurité du 22 novembre 1967 (après la guerre de juin 1967) indique que l’instauration d’une paix juste et durable au Moyen-Orient s’établit sur des « principes » dont : « I) Retrait des forces armées israéliennes des Territoires occupés lors du récent conflit ». Gaza, Cisjordanie et Jérusalem-Est le sont encore.

L’aboutissement de la résistance palestinienne, devant l’impasse de négociations menées depuis 18 ans, passe par la reconnaissance. L’OLP porte sa demande sur 22 % de la Palestine historique.

Du côté palestinien depuis les accords d’Oslo, il y a reconnaissance de l’État israélien.
La réciproque n’existe pas.

 Elle serait une avancée décisive pour les droits nationaux du peuple palestinien, y compris le droit au retour des réfugiés (résolution 194 de l’ONU) ou la destruction du mur.

Depuis son origine, l’État israélien repousse l’État de Palestine. Il jouit d’une singulière impunité à laquelle il faut mettre fin, depuis les piratages en pleine mer jusqu’aux crimes de guerre, voire crimes contre l’Humanité, à Gaza en 2009, dit le rapport Goldstone : impunis. Les manquements aux droits de l’Homme se sont multipliés depuis l’adoption en 2002 de l’accord Union Européenne-Israël : même pas suspendu !

La décision au Conseil de sécurité de l’ONU sera déterminante. L’opposition des USA d’Obama, qui renie son discours du Caire, est invoquée. Et la France ? Le président Sarkozy à l’ONU confirme l’alignement sur la position israélienne. La proposition d’« État observateur », privé de droits traduit le renoncement, observé aussi pour l’entrée de la Palestine à l’UNESCO. Membre du Conseil de sécurité de l’ONU, la France a pourtant un rôle à jouer pour le droit. Nous disons : pas d’État au rabais.

Devant la faillite des gouvernements, c’est la société civile qui doit se mobiliser. L’AFPS 59-62 mène l’action dans un cadre unitaire. La fin de l’impunité israélienne exige les sanctions qui s’imposent contre un État récusant le droit international. Répondant à l’appel de la société civile palestinienne, elle appelle au boycott et au désinvestissement contre Israël. Après Veolia, réalisateur d’un tramway colonial à Jérusalem une démarche est en cours ciblant la banque Dexia.

La mobilisation populaire, par pétitions, cartes postales, rencontres et manifestations pour un soutien actif à la demande de la Palestine à l’ONU se poursuit dans la région pour une décision qui devrait intervenir le 11 novembre.

Repères  Jean-François Larosière

Cet ancien enseignant d’histoire fut le secrétaire général de la Fédération syndicale et unitaire. Il reste membre de la FSU Nord, responsable des retraités. Jean-François Larosière est aussi responsable de l’association Immigration et droits des migrants.

L’antenne régionale de l’association France-Palestine Solidarité existe depuis 2003. Elle est la suite du Comité de soutien au peuple palestinien.


Sur la même page, cette tribune est précédée d’une autre « opinion » de Philippe Lefèvre, président de l’Association France-Israël Nord : « Lettre ouverte d’un ami d’Israël aux véritables amis de la paix ». Nous ne reproduirons pas ce texte : entre autres curiosités, elle présente Gaza et Cisjordanie comme " territoires totalement évacués dès 2005".


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