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Les termes de l’accord
entre Israël et les prisonniers palestiniens

 

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Pour Israël :

-  Fin de l'isolement carcéral

-  Levée des sanctions (interdiction d'études universitaires, arrêt de la fourniture de livres, etc.)

-  Autorisation des visites pour les prisonniers originaires de Gaza

 

Pour les prisonniers palestiniens :

-  Ne pas recourir à des actes "terroristes" à l'intérieur des prisons, notamment le recrutement, le soutien pratique, le financement et la coordination des opérations

-   Ne plus mener de grève de la faim


Logo-LeMonde.jpg édition du 17 mai 2012

A qui profite l'accord conclu
entre les prisonniers palestiniens et Israël ?

http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2012/05/16/a-qui-profite-l-accord-conclu-entre-les-detenus-palestiniens-et-israel_1701999_3218.html

Par Audrey Garric et Aymeric Janier

C'est une concession de taille pour Israël, la seconde en près de deux mois. Après la libération de Khader Adnan, parvenu à faire plier l'Etat juif au prix de 66 jours de jeûne, un accord a été conclu lundi 14 mai entre l'administration pénitentiaire israélienne et les représentants des quelque 1 600 prisonniers palestiniens en grève de la faim depuis le 17 avril. Une transaction "considérable" mais à double tranchant, selon la presse.

Les détenus, qui avaient cessé de s'alimenter dans l'espoir de meilleures conditions de détention, ont obtenu gain de cause et mis fin à leur mouvement. Négocié sous les auspices de l'Egypte et de la Jordanie, l'accord répond à trois de leurs revendications, détaille le Guardian : la fin de l'isolement carcéral, la levée des sanctions (interdiction d'études universitaires, arrêt de la fourniture de livres, etc.) et l'autorisation des visites pour les prisonniers originaires de Gaza - elles avaient été suspendues après la capture par trois groupes armés palestiniens du soldat israélien Gilad Shalit en 2006.

Quant à la question de la détention administrative, un régime d'exception qui permet de maintenir un suspect en prison sans jugement pendant une période de six mois renouvelable indéfiniment, qui était au centre des doléances des détenus, elle n'a pas été officiellement abrogée puisque les 320 prisonniers concernés continueront à purger leur peine. Mais, note The Independent, leur incarcération ne sera pas prolongée, sauf en cas de nouveaux éléments à charge contre eux présentés devant un juge militaire.

En contrepartie, les représentants des prisonniers palestiniens se sont engagés à ne pas recourir à des actes "terroristes" à l'intérieur des prisons, notamment le recrutement, le soutien pratique, le financement et la coordination des opérations, ainsi qu'à ne plus mener de grève de la faim, explique The Washington Post.

RISQUE D'UNE FLAMBÉE DE VIOLENCE

L'accord intervient une semaine après le remaniement du gouvernement de coalition israélien vers le centre, avec l'entrée du parti Kadima, qui avait laissé penser que le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, serait plus ouvert à des pourparlers de paix avec les Palestiniens.

Mais surtout, si Israël, d'ordinaire peu enclin à la compromission ou à la résipiscence, a finalement cédé, c'est en raison de la pression de l'Autorité palestinienne et de la communauté internationale, préoccupées par le risque d'une flambée de violence si l'un des prisonniers venait à mourir, explique le Wall Street Journal.

Deux d'entre eux, Bilal Diab et Thaer Halahla, qui avaient cessé de s'alimenter depuis 77 jours, suscitaient particulièrement l'inquiétude. Selon l'association israélienne Médecins pour les droits de l'homme, les deux hommes étaient au dernier stade de leur survie, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) évoquant de son côté un "danger de mort imminent". Tony Blair, ancien premier ministre britannique et envoyé du Quartet au Moyen-Orient, avait quant à lui prévenu de "sérieuses implications pour la stabilité et la sécurité sur le terrain", après que le mouvement islamiste Hamas et le Djihad islamique avaient promis à Israël des représailles en cas de décès d'un d'entre eux.

Par ce geste, Israël a cherché à prévenir tout regain de tension à un moment délicat, précise The Daily Telegraph. Mardi, en effet, avaient lieu, comme chaque année, les commémorations de la Nakba (la "catastrophe", en arabe) - l'exode de 700 000 Palestiniens lié à la création de l'Etat d'Israël, en 1948. En 2011, une douzaine de réfugiés palestiniens avaient été abattus alors qu'ils tentaient de prendre d'assaut les frontières d'Israël. Cette année, si le bilan est bien moins sanglant, l'accord avec Israël n'a pas empêché des heurts lors des manifestations : une vingtaine de Palestiniens et sept militaires israéliens ont été blessés au niveau de plusieurs barrages israéliens près de Ramallah, en Cisjordanie, et à Jérusalem-Est.

ENCOURAGER LE JEÛNE COMME "MÉTHODE DE RÉSISTANCE"

A qui profite cet engagement mutuel ? Chacun y trouve son compte, estime Haaretz

Pour le quotidien israélien, la réussite du côté israélien réside moins dans l'engagement des détenus de cesser toute activité terroriste, auquel il ne croit guère, mais dans la "neutralisation de la bombe à retardement que constituait 1 500 détenus en grève de la faim, devenus des symboles de la lutte du peuple palestinien, le jour de la Nakba". Du côté palestinien, ce sont l'Autorité palestinienne et le Djihad islamique (auquel appartiennent une majorité de détenus) qui vont gagner en popularité auprès de l'opinion publique, ajoute le journal, précisant que les "grands gagnants" restent bien entendu les prisonniers.

L'Egypte, enfin, voit sa position de médiateur renforcée. "Il s'agit d'une nouvelle Egypte qui joue un rôle constructif, tout comme elle l'a fait avec la libération de Gilad Shalit," estime Yossi Alpher, ancien responsable de la sécurité israélienne et rédacteur en chef de , un forum israélo-palestinien, cité par le Wall Street Journal.

Le Jerusalem Post, lui, se montre circonspect vis-à-vis de la décision israélienne, pointant le risque d'encourager le jeûne comme "méthode de résistance", alors que le modèle de Khader Adnan s'est rapidement répandu au sein des membres du Djihad islamique et des détenus palestiniens en général, entraînant la population civile avec eux.

Scepticisme partagé par Gulf News, pour qui cette "concession tactique" ne doit pas éclipser le fait que "l'occupation des terres palestiniennes se poursuit". "Cette tactique de concessions mutuelles ne doit pas être confondue avec un mouvement de fond sur l'importante question de l'élaboration d'un processus de paix. Le gouvernement de Benyamin Nétanyahou a toujours refusé d'entretenir des relations avec les Palestiniens, et il n'y a aucune raison d'être aujourd'hui optimiste à ce sujet", assure le journal.

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