AFPS Nord Pas-de-Calais CSPP

   


Ha'aretz, dimanche 26 décembre 2004

 

Évacuation ou Shoah, les colons en négationistes
par Bradley Burston

 

Pour les colons de la bande de Gaza, la menace prend de nombreuses formes ­
y compris celles de l¹étoile de David. Et pour la droite religieuse, il
apparaît que le vieux slogan « Déraciner les implantations déchire le
peuple», prend lui aussi toutes sortes de significations. Ces derniers
jours, le débat interne a dégénéré en une tempête de controverses sur une
escalade brutale des tactiques d¹opposition au retrait, nées d¹un désespoir
naissant concernant l¹éventualité croissante que dans un laps de temps de
moins d¹un an le désengagement ne parvienne à effacer les efforts de
colonisation entrepris dans la bande de Gaza et une partie de la
Cisjordanie.

En fait, la campagne engagée par les colons pour gagner le soutien de
l¹opinion publique à leur cause est peut être en passe de mourir - et
précisément dans un baiser des plus fervents opposants, au sein de leur
mouvement, au désengagement.

Il y a une semaine que l¹hallali a sonné, peu après que des soldats se sont
engagés à refuser d¹exécuter l¹ordre d¹évacuer des colons de leurs maisons,
peu après que le mouvement des colons et douze des cent-vingt membres de la
Knesseth ont officiellement donné leur aval au viol de la loi ­ du bouclier
humain [S] à l¹assaut contre les forces de police ­ pour empêcher les
évacuations.

Dans un choix de dramatisation, des activistes parmi les colons de Gaza,
dont des enfants de rescapés de la Shoah, ont lancé une campagne visant à
convaincre les Israéliens de porter une étoile de David orange, réminiscence
de l¹étoile jaune imposée aux Juifs persécutés par les soldats du Reich
pendant la Deuxième Guerre mondiale.

Ils interrompirent à regret cette campagne après que des rescapés de
l¹anéantissement programmé par les nazis, dont certains habitants de la
bande de Gaza, ont fait entendre leur indignation et leur peine profonde
devant l¹instrumentalisation de la Shoah dans la lutte contre le
désengagement.

Des années durant, les Palestiniens et les censeurs d¹Israël à l¹étranger
ont exaspéré les Juifs en comparant les opérations militaires israéliennes
dans les Territoires à celles de la machine d¹extermination allemande. En
Israël, où les rescapés de la Shoah et leurs descendants sont rassemblés en
plus grand nombre, l¹opposition à l¹insigne orange s¹enflamma, au mépris des
frontières idéologiques.

La voix la plus nette, la plus imposante vint de la source la moins
attendue, celle d¹un haut gradé pratiquant [la religion] au sein de l¹armée,
un major général lui-même fils de rescapés de la Shoah : « Ils font partie
des négateurs de la Shoah, ces colons qui portent l¹étoile », a déclaré le
commandant Elazar Stern.

« Cela donne des armes à ceux qui prétendent que la Shoah n¹a été qu¹un
épisode légitime de l¹histoire, le résultat d¹une décision démocratiquement
adoptée par un peuple », a-t-il ajouté. « Si ce qui s¹est fait pendant cette
période ressemble à ce que nous faisons [aux colons], alors la Shoah n¹a
apparemment pas été si grave, si unique, en particulier dans notre propre
histoire. »

Évoquant de façon poignante l¹expérience de ses parents dans les camps de la
mort [S] Stern cita dans une interview sur la deuxième chaîne [israélienne]
leur réaction à l¹idée d¹étoile orange, qualifiée par eux de « folie ». Prié
de donner sa propre opinion, il dit : « Je pense que c¹est de la folie. »

« Nous sommes pleinement conscient de la terrible douleur des colons »,
expliqua-t-il, ajoutant que l¹étoile orange était susceptible de rendre les
choses plus douloureuses encore, [en exacerbant les sentiments des soldats],
furieux de se voir comparer aux Allemands de l¹époque.

Le mouvement des colons a continué, la semaine passée encore, a engranger
les revers. Dimanche, Yonathan Bassi [S] a annoncé que « tous les résidents
de Péât Sadeh [S] emménageraient ensemble au moshav Mavkiîm ».

Cette nouvelle est venue couronner les désastres subis ces derniers temps
par le mouvement contre le retrait, qui semblait jusque là assez fort et
habile pour chasser Sharon et consacrer l¹opposant au désengagement Benjamin
Netanyahu dans les rôles de chef du gouvernement, de leader du Likoud et
d¹arbitre de la future évacuation de Gaza.

À l¹évidence, les colons ont pour le moins prouvé leur détermination face
aux menaces les plus graves. Alors que les mitraillages surprise et les
bombes suicide ont largement décru dans les autres parties de la Terre
sainte, les familles israéliennes de la bande de Gaza sont la cible de jets
de roquettes quotidiens, sinon plus.

Les artilleurs palestiniens [...] ont lancé plus de 5 000 projectiles [5]
sur les implantations, près d¹une pour chaque homme, femme et enfant dans la
bande de Gaza.

Aujourd¹hui, cependant, les colons doivent aussi faire face à la menace que
représentent les actions de leurs propres camarades, ceux de leurs voisins
qui ont suscité en Israël une opposition en appelant au refus de servir et
au viol de la loi, et ­ plus périlleux encore - ceux de leurs voisins qui se
préparent à faire leurs paquets et partir.

Source : La Paix Maintenant

 

Ce texte n'engage que son auteur et ne correspond pas obligatoirement à notre ligne politique. L'AFPS 59/62,  parfois en désaccord avec certains d'entre eux, trouve, néanmoins, utile de les présenter pour permettre à chacun d'élaborer son propre point de vue."

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